Le printemps que nous venons de vivre est le plus chaud jamais enregistré en France ! Et il va falloir s’y habituer… Comment continuer à travailler sous de telles températures, tout en préservant la santé
des salariés ? Recommandations et exemples de bonnes pratiques.
Tous les matins, les yeux sont rivés sur Météo France. S’en suit un message d’information sur Slack, envoyé
aux 25 salariés de l’agence de Saint-Mathieu-de-Tréviers (34). La plupart d’entre eux passent leur journée dehors à observer les cours d’eau, réaliser des mesures physico-chimiques ou prélever des poissons, puisque Aquascop est un bureau spécialisé depuis près de 40 ans dans l’étude des milieux aquatiques.
« Nos salariés sont tous bien sensibilisés au risque du coup de chaleur », assure le responsable QSE (Qualité Sécurité Environnement) de l’entreprise, Frédéric Garbutt. « Il revient aux chefs d’équipe d’acheter des packs d’eau, de veiller au bon équipement et d’adapter l’organisation ou les horaires si besoin ». Car le danger est réel. Si le Code du Travail ne fixe pas de limite de température pour le travail à la chaleur, l’Institut National de Recherche
et de Sécurité (INRS) recommande toutefois une vigilance particulière au-delà d’un certain seuil : 30 °C pour un travail de bureau ou en intérieur, 28 °C pour une activité extérieure.
Fatigue, fièvre, maux de tête
En effet, les fortes chaleurs peuvent être à l’origine de troubles pour la santé ; voire d’accidents du travail. Fatigue, sueurs, nausées, maux de tête, vertiges, crampes…
Ces symptômes, liés à la chaleur, peuvent être précurseurs de troubles plus importants, voire mortels : déshydratation, coup de chaleur.
« Les effets du travail par fortes chaleurs sur la santé sont plus élevés quand les personnes ne sont pas acclimatées et lorsque se surajoutent des facteurs aggravants comme l’intensité de la tâche ou le travail en extérieur », explique le Dr Bernard Siano, responsable du département Études et Assistance Médicales à l’INRS.
Le « coup de chaleur » est une défaillance aiguë de
la thermorégulation, qui associe une hyperthermie
majeure (température corporelle au-dessus de 40 °C) et des signes neurologiques, dont les conséquences peuvent être graves : troubles du comportement, confusion mentale, délire, troubles de la conscience, voire coma.
« Il s’agit d’une urgence médicale qui doit être connue de tous, puisqu’elle met en jeu le pronostic vital. Dans ce cas-là, il ne faut pas hésiter à appeler le 15 », insiste le Dr Mylène Graftieaux, médecin du travail à l’AIPALS.
“Le coup de chaleur est une urgence médicale qui doit être connue de tous, puisqu’elle met en jeu le pronostic vital.”
Mylène GRAFTIEAUX, Médecin du travail à l’AIPALS
Responsabilité engagée
En matière de chaleur, comme pour tout autre risque, l’employeur a la responsabilité de prendre
les mesures nécessaires pour protéger la santé de
ses travailleurs.
Il doit, à ce titre, procéder à l’évaluation des risques,
transcrire les résultats dans son document unique
et mettre un place un plan d’actions.
De nombreuses mesures préventives permettent de
limiter les effets de la chaleur : informer les salariés
sur les symptômes à surveiller, leur fournir une tenue
adaptée, installer des sources d’eau à proximité des postes de travail, prévoir des lieux de repos climatisés ou encore aménager des zones d’ombres. Chez OPTITEC à Vendargues, tout un dispositif a été mis en place pour soulager les salariés : des fontaines à eau, une gourde personnalisée pour chacun des 120 employés, l’autorisation du port du short, mais aussi des investissements plus lourds pour évacuer ou recycler la chaleur qui sort des fours de convection (200 °C) servant à fixer la peinture sur les pièces qui sont confiées à l’entreprise.
Adapter l’organisation du travail
« On regarde plus le résultat obtenu que la dépense car les investissements sont amortis par la performance des salariés qui se sentent mieux », assure Airy Avoundogba, le Responsable Qualité Sécurité Environnement (QSE) d’OPTITEC.
D’autres solutions, touchant à l’organisation même
de l’entreprise et du travail, peuvent aussi s’avérer
utiles et efficaces : effectuer une rotation des tâches,
commencer le travail plus tôt le matin, augmenter
la fréquence des pauses de récupération, reporter
les tâches lourdes à plus tard, utiliser des aides
mécaniques pour la manutention, privilégier le travail en équipe qui permet une surveillance mutuelle des salariés, ou encore prendre en compte la « période d’acclimatement », d’autant plus si le salarié revient de congés, qu’il intervient en temps qu’intérimaire ou nouvel embauché.
« En effet, il ne s’agit pas que d’adapter les horaires, mais bien le rythme du travail et les cadences », insiste le Dr Mylène Graftieaux. « La chaleur excessive peut être source de malaises et d’accidents, mais affecte aussi la productivité. Il faut donc, là aussi, savoir s’adapter. »
L’AIPALS a publié un dépliant sur la prévention du risque chaleur. Consultez-le